Sport et Vie
Peut-être comme moi, vous vous êtes déjà demandé : pourquoi regarder, des heures durant, d’autres accomplir quelques exploits sportifs. Par simple curiosité ? Parce qu’au travers de l’autre j’ai l’impression de le faire moi-même ? Par envie? Par chauvinisme ? Pour oublier le temps qui passe et pouvoir ensuite discuter de longues heures avec des copains ? Un peu de tout cela peut-être. Et bien d’autres choses aussi sans doute. Et pourquoi pas ? Comme vous, j’ai déjà eu ce genre de moment, et m’en suis très bien porté.
Ce qui m’interpelle dans le sport, c’est le côté jamais tout à fait fini. Certes, une course a une ligne d’arrivée, et une partie de foot a un coup de sifflet final. Mais une fois terminée, l’euphorie de la victoire digérée, on recommence : un nouveau championnat attend. Ou c’est l’amertume de la défaite qu’il faut oublier… mais on recommence. Un nouveau championnat est devant soi. C’est le côté passion du sport.
Parfois, je me dis que si nous sommes attirés par le sport c’est parce qu’il représente notre vie. Nous nous retrouvons en lui. Ce que nous vivons autour d’un match reflète ce que nous vivons plus longuement tout au long de nos journées. Et ce, dans bien des domaines de la vie. Prenons, à tout hasard, le domaine spirituel de l’existence et l’apôtre Paul pour nous y mener. Je me demande en lisant certains de ses textes s’il n’a pas dû, lui aussi, être amateur de sport dans sa jeunesse ? Par exemple Philippiens 3 :
“12 Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou être déjà devenu parfait. Mais je poursuis ma course pour m’efforcer d’en saisir le prix, car j’ai été moi-même saisi par Jésus-Christ. 13 Non, frères, je ne pense pas avoir déjà obtenu le prix; mais je fais une chose: j’oublie ce qui est derrière moi et m’efforce d’atteindre ce qui est devant moi. 14 Ainsi, je cours vers le but afin de gagner le prix que Dieu, par Jésus-Christ, nous appelle à recevoir là-haut.”
Ce passage exprime bien cette idée que la vie est une course où tout reste toujours à faire. Peut-être avons-nous de temps à autre une victoire, mais tout est remis en jeu par la vie qui continue. Plus souvent peut-être avons-nous l’impression de connaître l’échec. Et bien, nous re-participons à la suite de la compétition (la vie).
Certes, Paul parle à des gens se prétendant parfaits et se croyant déjà arrivés au but. Il leur rappelle que la vie est toujours devant : il ne faut pas s’arrêter pour contempler ses trophées, tout est toujours remis en jeu. « La gloire est éphémère ». Il faut courir et courir encore. J’aime cette idée que la vie chrétienne est un dépouillement de ce qui est en arrière (comme un joueur qui remet son trophée en jeu) pour se projeter dans l’avenir.
Entendons-nous bien. Il n’est pas ici question de compétition de l’un contre tous les autres. Mais plutôt, d’un parcours vita. Nous y sommes seuls contre (et avec !) nous-mêmes. Le but est de vaincre chaque difficulté, patiemment, et avec plus de dextérité, si possible, que la fois d’avant, jusqu’à l’heure de la gloire.
Attention cependant, Paul ne me semble pas être du type « manager super commercial » que nous connaissons trop aujourd’hui. Du style « si-tu-as-augmenté-ton-chiffre-d’affaire-ce-mois-ci-tu-peux-encore-mieux-faire-le-mois-prochain ». On sait vers quelles dérives ce genre de « management » conduit. Et combien de victimes fréquentent les bureaux des services emploi quand ce ne sont pas les cabinets des Psy.
Paul rappelle simplement que la vie est un mouvement continu ; s’arrêter, se croire le gagnant s’apparente à la mort. Nous ne pouvons rester figés (dans nos principes, nos lois, nos habitudes…) nous devons continuer à courir (à évoluer, à se convertir). Nous devons aller de l’avant, ne pas nous reposer, mais tendre sans cesse vers autre chose que notre nous-mêmes actuel !
TM