Culte du 5 avril 2020

Culte du dimanche des Rameaux
5 avril 2020

Introduction :
Bienvenue pour ce temps de prière et de méditation.
Aujourd’hui, les paroisses d’Amay et d’Andenne se rejoignent pour célébrer ce culte.
Commençons par un temps de recueillement.
Invoquons le Seigneur :
Nous croyons, malgré les circonstances, que Dieu est présent à nos côtés, qu’il entend
notre prière.
C’est pourquoi nous disons avec le psalmiste : (Psaume 48:1)
« O Dieu, j’élève mon âme à toi.
Mon Dieu, je mets en toi ma confiance. »
Amen
Prière :
Les jours s’égrènent
et je te perds
J’oublie la quête de toi
et dans mes haltes,
il n’y a que le silence
Tu te tais, tu me manques,
je ne te reconnais pas
Je ne sais plus te nommer,
les mots pour te dire ne chantent pas
et la trace de toi est si ténue en ce monde sans visage
Tu n’es pas la réponse,
tu ne comble rien de mon attente,
je reste seul avec ma fragilitéEt pourtant ce matin,
je parle, je vis, j’aime !
C’est donc qu’une fois encore,
tu es en avant de moi,
Dieu inattendu,
chair de la Parole,
sève de Vie,
éclaboussure d’Amour !
– F. Carrillo, Traces vives.
Cantique : Nous chantons : « J’ai besoin de ta confiance »
J’ai besoin de ta confiance
Pour vivre chaque jour.
J’ai besoin de ta présence.
J’ai besoin d’être sûr de ton amour.
Lecture Biblique :
En ce dimanche des Rameaux, nous lisons dans l’évangile de Matthieu le récit de
l’entrée de Jésus à Jérusalem.
Matthieu 21: 1 à 11 : Jésus entre dans Jérusalem
1 Quand ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent près du village de Bethfagé, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux des disciples en leur disant :
2 « Allez au village qui est devant vous. Vous y trouverez tout de suite une ânesse attachée et son ânon avec elle. Détachez-les et amenez-les-moi.
3 Si quelqu’un vous demande quelque chose, vous direz : “Le Seigneur en a besoin.” Et aussitôt on les laissera partir. »
4 Cela arriva afin que s’accomplissent ces paroles du prophète :5 « Dites à la population de Sion : Regarde, ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur un ânon, le petit d’une ânesse. »
6 Les disciples partirent donc et firent comme Jésus leur avait ordonné.
7 Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, posèrent leurs manteaux sur eux et Jésus s’assit
dessus. 8 Une foule de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et les mettaient sur le chemin.
9 Ceux qui marchaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
10 Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la population fut agitée. « Qui est celui-ci? » demandait-on.
11 « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée », répondaient les gens.
Prédication :
Je commencerais cette courte méditation par une citation tirée du livre d’Albert
Camus : La peste : un livre que d’aucuns relisent aujourd’hui dans notre situation. Il
dit ceci :
« Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus ».
Je pense que cette phrase d’Albert Camus éclaire bien la situation de notre monde
aujourd’hui.
Qui aurait pu dire, il y a quelques semaines, encore, que le confinement en Europe
était possible.
Lorsque l’on a entendu ce qui se passait en chine, ne nous sommes-nous pas dit que c’était loin, que ce n’était pas possible en Europe ? Un confinement, des morts à cause d’une  épidémie inattendue… cela se passe loin, mais dans nos contrées, ne sommes-nous pas à l’abri de telle chose? Je m’entends encore dire à mon kiné, lorsque l’on a entendu que le confinement en chine concernait 56 millions de personnes que ce n’était pas possible de confiner tant de personne en Europe, dans nos pays ce n’était pas imaginable que ça ne marcherait jamais… Et pourtant nous y voilà, nous y sommes en plein même, toute l’Europe est confinée. Certes, lespolitiques menées d’un pays à un autre sont quelque peu différentes. Mais notre vieux continent qui se croyait peut-être à l’abri de telle épidémie en est devenu en quelques jours, quelques semaines, l’épicentre… ! Quel bouleversement !
On pourrait actualiser la phrase de Camus en disant « on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête…. Et pourtant un petit virus, un Covid-19 trouvent les gens toujours aussi dépourvus. »
Ce qui me semble exceptionnel dans notre situation c’est le nombre de personnes en confinement de par le monde. Aujourd’hui ce confinement, concerne, presque la moitié, si pas plus, d’habitant de la planète ! C’est presque incroyable, c’est de l’ordre du non imaginable! De l’ordre du scénario de film catastrophe. Il est vrai que nos anciens ont connu durant la guerre des périodes de confinement. Ils nous rappellent que c’était bien plus dur encore. Non seulement l’ennemi était bien visible dans les rues, mais ils y avaient encore la faim, l’approvisionnement difficile, la privation de liberté imposée et non consentie, la mort bien plus présente encore… C’est vrai, notre situation, si elle est exceptionnelle, historique même… n’en est pas moins à penser dans sa singularité, dans ce qu’elle a d’exceptionnel : le confinement d’un grand nombre de personnes, confinement accepté et compris par tous pour préserver la vie de nombreuses personnes. Ce qui est notable aussi dans notre situation c’est que tout a basculé très rapidement.
J’ai entendu un philosophe, lors d’une émission télévisée dire (j’en reprends les idées, je n’ai malheureusement pas pu capter son nom).
En ce 21e siècle nous vivons quelque chose extraordinaire, disait-il, c’est-à-dire qui n’est pas dans l’ordinaire de notre vie : on peut changer! Et ce philosophe de préciser ce changement: nous étions des consommateurs, nous sommes devenus redevenu, des citoyens ! Sous-entendu, sans doute, que ce que la société attendait de nous était que nous consommions, tout, de plus en plus. Quoique des mouvements d’idées et d’actions s’étaient levés ces derniers temps pour modérer cette frénésie de consommation dans nos sociétés. L’épidémie nous a rappelés, et c’est en cela que le changement s’est opéré (rappelons-le très rapidement), elle nous a rappelé que nous sommes des citoyens. C’est-à-dire des femmes et des hommes faisant partie d’une société, et en tant que tels, nous devions faire attention à cette société, attentions aux autres, en interaction avec les autres. Et ce philosophe d’ajouter : “ce changement, qui change la vie, marche… c’est ce changement qui donne la chance de gagner contre le virus qui balaye la planète.”Dans ce contexte ce qui change aussi : c’est la peur : la peur pour sa vie propre et la peur de perdre un proche ! En effet, nous vivons (nous vivions, faut-il le mettre au passé?) dans une société qui tendait à mettre de côté la mort. Les cérémonies liées à un deuil se font de plus en plus discrètes. On ne porte plus le deuil comme cela se faisait avant… Mais aujourd’hui tout le monde est confronté à la peur de la mort.
Brutalement. Tout peut basculer rapidement, pour soit ou un proche ! Nous ne sommes évidemment pas du tout préparés à vivre cela.
Je reprendrais ici une citation d’un prix Nobel de médecine qui a dit, il y a près d’un siècle : ce sont des propos qui aujourd’hui prennent une réalité frappante :
Les propos de Charles Nicolle : “Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant toute armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrions-nous ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles aient revêtu leur costume de symptômes ?”
Il ajoute : « La connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu’ils sont frères et solidaires. Nous sommes frères parce que le même danger nous menace, solidaires parce que la contagion nous vient le plus souvent de nos semblables. »
[Charles Nicolle, in “Le Destin des Maladies Infectieuses” (1933) Prix Nobel
Médecine, 1928]
Solidaire dans la fragilité humaine.
Nous sommes, en tant qu’Église, au seuil de la semaine sainte. Nous fêtons aujourd’hui le dimanche des Rameaux. Nous avons relu le texte réservé à ce dimanche dans l’évangile de Matthieu : l’entrée de Jésus à Jérusalem. Cette semaine est la semaine sainte. Dimanche prochain ce sera Pâques. Tout au long de cette semaine, différents offices sont  habituellement prévus, surtout le Vendredi saint. Cette année toute cette organisation est bouleversée. Nous vivrons tout cela d’une autre manière. Confiné, chacun chez soit sans doute. Ce sera pour beaucoup un manque, une certaine souffrance peut-être.
Je dirais ceci pour éclairer notre temps par le texte biblique lu aujourd’hui : l’entrée de Jésus à Jérusalem. Jésus était certainement incompris par les gens de son temps. Les évangiles le soulignent à maintes reprises. La foule voyait en lui, arrivant dans la ville du Temple, un libérateur, un roi… un homme puissant. Elle espérait en tout cas qu’il serait tel. Elle espérait  un messie, un envoyé de Dieu pour libérer le peuple. Elle espérait quelque chose comme un chef de guerre nationaliste, libérateur. Il était pourtant fragile, la croix le démontrera. Mais dans ce texte, Matthieu le montre déjà. Il insiste sur le fait que Jésus à choisi, de façon délibérée une monture non pas grandiose, mais humble : un âne et son petit. Les évangiles relatent l’entrée de Jésus à Jérusalem comme celle d’un autre messie que celui attendu par d’aucuns. Humilité, fragilité, pauvreté sont les signes que Jésus endosse pour le faire comprendre. Par la suite, il portera cette dimension humaine vers la croix.
Cette fragilité s’est changée en proclamation de la victoire de la Vie. La croix n’était pas le dernier mot de son histoire, de l’histoire des hommes. Il y a eu la proclamation de la vie ressurgissant, la mort n’est pas la fin. Puissions-nous retrouver la réalité de cette proclamation dans nos vies aujourd’hui. Nous porterons cela dans notre méditation cette semaine, nous prierons pour cela durant ces jours de confinement. Avec les femmes et les hommes d’aujourd’hui l’Église porte la fragilité humaine, elle porte aussi la fraternité humaine, elle regarde vers l’espérance de la Vie.
Prière d’intercession :
À présent, nous nous unissons dans la prière d’intercession
Dieu, notre refuge, nous recherchons ta protection.
Protège de la maladie les personnes vulnérables :
celles qui sont âgées et fragiles, affaiblies par les années de luttes.
Celles qui s’occupent des autres, dépensant sans compter leur énergie et leur amour ;
celles pour qui l’impossibilité de travailler est synonyme de difficultés et de pauvreté.
Protège-nous de l’avidité et de la suspicion qui nuisent à notre propre sécurité; de l’accumulation de stocks et de la fièvre d’achats qui prive les autres des produits de première nécessité.
Protège-nous de l’aveuglement qui voit le germe dans nos propres yeux et ignore les fléaux de la faim, de la guerre et de la violence qui emportent tant de vies chaque jour. Protège-nous de l’isolement qui mène à la solitude et au désespoir, niant l’interdépendance qui nous relie les uns aux autres.
Dieu, notre refuge, dans notre panique et notre peur, puissions-nous ne pas perdre de
vue notre humanité commune qui fait de nous un seul peuple en Toi.
Amen – COE : Jan Berry, Luther King House, Manchester
Cantique : Écoute-nous, Dieu de la terre !
Écoute-nous, grand Dieu des cieux!
Des heureux et des malheureux
Vers toi s’élève la prière.
À toi seul appartient la gloire,
À toi le règne, à toi l’amour!
Sans toi le fort tombe en un jour;
par toi le faible à la victoire.
Amour divin, céleste flamme,
Consume en nous l’iniquité;
Lumière de la vérité,
D’en haut, viens luire dans notre âme.
Si tu condamnes, tu pardonnes;
Ton regard voit nos repentirs.
Tu recueilles tous nos soupirs;
Nous vivons de ce que tu donnes.
Nous savons que tu veux toi-même
Tout ce qui peut nous rendre heureux.
Fais-nous vouloir ce que tu veux;
Oh! Bienheureux celui qui t’aime!
Bénédiciton :
Les paroles de cette ancestrale bénédiction sont pour nous aujourd’hui, dans notre situation :
Que le Seigneur te bénisse et te garde.
Que le Seigneur fasse rayonner sur toi son regard et t’accorde sa grâce.
Que le Seigneur porte sur toi son regard et te donne la paix.